Roland-Garros 2024 : Tribune bleue et Le Koq, de nouveaux visages chauffent l'ambiance des tribunes derrière les Bleus

Article rédigé par Anaïs Brosseau - à Roland-Garros
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
Des supporteurs du groupe La Tribune bleue ont soutenu Hugo Gaston lors de son premier tour face à Ben Shelton, à Roland-Garros, le 27 mai 2024. (AURELIEN MORISSARD/AP/SIPA)
Deux groupes de supporters se sont récemment constitués en association. Friands de leur soutien bruyant, les joueurs et joueuses tricolores se disputent leur présence.

"Allez, on se fait une petite Paillade pendant que personne ne chante. La, la, la, la Paillade. Ce soir, nous allons chanter et on ne s'arrêtera jamais. Arthur, Arthur." Dès l'entrée du Montpelliérain Arthur Cazaux sur le court Suzanne-Lenglen, mardi 28 mai au premier tour de Roland-Garros, Ilyas s'époumone en chœur avec ses amis. Tous portent un maillot bleu, floqué "Le Koq", contraction du mot "kop" et "coq". Posté à côté de la fanfare officielle, le groupe se lève à chaque fin de point et s'attire les regards curieux de leurs voisins de travée, peu habitués à un tel volume sonore dès l'entame d'un match de tennis.

"Les gens nous regardent en souriant, ils nous filment mais ne nous suivent pas", glisse Axelle, la voix déjà éraillée par trois jours de supportérisme. Dans un Suzanne-Lenglen bondé et couvert, le kop se fait entendre mais peine à créer l'engouement. "Le court est grand et ici il y a des spectateurs CSP+ et plus âgés que sur les courts annexes. Ils ont moins tendance à reprendre nos chants. C'est beaucoup plus facile sur les petits courts où on trouve plus de jeunes et de passionnés", analyse Antoine. 

Un kop né en Australie

Le groupe de sept jeunes actifs âgés de 23 à 30 ans a créé ce kop de supporters des joueurs de tennis tricolores en février dernier, après avoir noué des liens à l'autre bout de la planète... au cours d'un match d'Arthur Cazaux durant l'Open d'Australie. Au premier tour, le Français s'impose en cinq sets au cours d'un rencontre à rebondissements. "On s'est rencontré sur ce match. A la fin, le kiné d'Arthur Cazaux est venu nous voir pour savoir si on comptait venir sur le prochain tour", retrace Marius, l'un des cofondateurs. 

Les Français créent une telle ambiance que la Fédération française de tennis les remarque et que les joueurs, comme Luca Van Assche, leur glissent des invitations pour s'assurer de leur présence. "On a créé l'association au retour d'Australie. On a fait les choses bien pour pouvoir récolter des fonds, des aides, recevoir des invitations", souligne Ilyas, qui à chaque fois qu'il encourage son champion brandit le maillot du club de football de Montpellier siglé "Cazaux". "C'est le sien, il nous l'a offert durant l'Open d'Australie." 

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Le Koq avec Arthur Cazaux . (ANAIS BROSSEAU/FRANCEINFO: SPORT)

La relation nouée avec l'entourage du joueur est telle que Le Koq va jusqu'à lancer un "Aux armes" de concert avec les amis d'enfance d'Arthur Cazaux présents en tribune de l'autre côté du court. "Il ne le montre pas trop, mais on sait que nos chants plaisent à Arthur. Il nous l'a dit", assure Antoine. Pour leur premier tournoi sous les couleurs du Koq, quatre de ses membres ont été invités par la BNP Paribas à faire vivre les matchs jusqu'à ce que les tableaux ne comptent plus de Bleus.

Le respect comme règle numéro 1

Présent sur les réseaux sociaux, Le Koq annonce chaque matin le programme des rencontres des Français où il sera présent pour mettre de l'ambiance. "Tout le monde est invité à nous rejoindre tant qu'il y a du respect. On ne veut pas de débordement", souligne Marius. En tribunes, les supporters veillent d'ailleurs toujours à taire leur chant au plus tard dix secondes avant le service de chacun des joueurs. Téléphone en main, Axelle se charge elle de répondre aux messages de fans désireux de s'installer à côté d'eux. 

Sur le court 14, un autre groupe de supporters français attend de se chauffer la voix. Comme chaque jour depuis les qualifications, des membres de La Tribune bleue poussent derrière les Français. Ce jeudi, une quinzaine de fans de la petite balle jaune attend sous la pluie le début du match de Kristina Mladenovic. Martin se charge de regrouper les présents. "On a créé un groupe sur Instagram pour se donner rendez-vous. La plupart des gens ici ne se connaissent pas. C'est notre objectif de fédérer autour du tennis", précise l'ambassadeur du jour. 

Tout comme Le Koq, La Tribune bleue est née récemment et sur la suggestion de... Gaël Monfils. En avril, un groupe de huit amis, tous joueurs de tennis, se retrouvent au tournoi d'Estoril, au Portugal. "On avait déjà l'habitude de se rendre à tous les tournois qu'on pouvait, quel que soit le niveau. Mais on n'avait aucune idée derrière la tête en allant à Estoril", raconte Hippolyte, étudiant et cofondateur de La Tribune bleue. Dès les qualifications, les étudiants font monter l'ambiance, discutent avec des Bleus parfois esseulés dans un tournoi loin de leur base.

Une Tribune bleue demandée par les joueurs

Alors quand, ravi du soutien de ces jeunes Français de 21 à 24 ans, Gaël Monfils leur glisse l'idée de monter un kop, ils n'hésitent pas. Ils montent leur association et ouvrent un compte sur les réseaux sociaux. Leur profil X (ex-Twitter) est suivi par 1 800 personnes et les joueurs n'hésitent pas à les interpeller pour les remercier ou les appeler au soutien, à l'instar de Chloé Paquet qui a donné trois invitations au kop, Gabriel Debru, ou encore Alexandre Müller, qui a la veille de son premier tour rappelait que "la Tribune bleue était évidemment plus que conviée". "On ne s'attendait pas à autant de retours de joueurs et de fans de tennis, confie Hippolyte. Notre but est de rassembler parce qu'on ne peut évidemment pas aller à tous les tournois." 

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Comme Le Koq, La Tribune bleue tient à être appréciée des deux camps. Le groupe a donc décidé de poser des règles. Pour s'afficher aux côtés de La Tribune bleue, il est demandé en amont de signer une charte dans laquelle le supporter s'engage à respecter les valeurs du tennis : "On n'applaudit pas les doubles fautes de l'adversaire, on arrête les chants au moment du service et pendant l'échange", liste le cofondateur.

Hasard du calendrier, pour cette troisième journée de Roland-Garros, les deux groupes s'étaient répartis différemment sur les courts, de quoi multiplier les soutiens aux Bleus. "Nous, on adore aller aider les joueurs secondaires. Ce sont surtout eux qui galèrent financièrement et dans le tournoi, indique Hippolyte. On essaie d'aller voir aussi ceux qui nous soutiennent depuis le début." Constat partagé par les amis du Koq, qui ont à cœur de retrouver "leurs" joueurs de l'Open d'Australie. Sur le Lenglen, malgré leur soutien inébranlable, leur champion Arthur Cazaux a chuté d'entrée. 

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